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Pattes rouges… Et si ce n’était pas l’acidose

Pied rouge. Une étude des données de parage menée en Bretagne par le contrôle de performance a montré que l'acidose est hors de cause.

L’apparition de pattes rouges est souvent associée à l’acidose ruminale. Il n’en est rien, comme l’illustre ce cas où elle est à mettre en lien avec un défaut de digestion de l’amidon dans un rumen déshydraté, à l’origine d’un état d’inflammation générale.

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Au cours d’un suivi de reproduction dans un élevage de race simmental, l’éleveur évoque la présence de nombreuses pattes rouges sur ses vaches. Il me dit qu’il ne sait pas quoi faire, car il ne pense pas qu’elles puissent être en acidose ruminale.

La première étape consiste alors à le vérifier à travers l’observation de quelques critères : les TB sont élevés et l’écart TB-TP du troupeau est supérieur à 8 points ; l’éleveur n’a observé ni chute de TB ni rapprochement de taux individuels sur les vaches en lactation ; les bouses ont une consistance normale ; les vaches ruminent bien et la ration est très sécurisée grâce à un ensilage de maïs plutôt bien structuré, avec de l’enrubannage et de la luzerne, complétés par du tourteau, du maïs grain en farine et du bicarbonate de sodium. Cette ration est restée la même tout l’hiver. Le seul ingrédient qui change étant l’enrubanné en fonction des coupes.

À ce stade, aucun élément ne permet de suspecter un problème d’acidose ruminale.

Un excès d’amidon dans l’intestin grêle

Dès lors, la deuxième étape consiste à essayer de comprendre ce qui se passe.

Des palpations du rumen révèlent des rumens plutôt durs, signe de déshydratation, alors que tout le reste s’avère normal. Une hypothèse est alors que les amidons de maïs, de digestion lente dans le rumen, n’arrivent plus à se dégrader complètement dans un rumen qui ne contient pas assez d’eau pour permettre d’optimiser les fermentations et l’activité de la flore bactérienne. Les grains d’amidon arrivent dans l’intestin grêle, accompagnés de colonies de bactéries. L’activité de ces bactéries entraîne la formation de lipopolysaccharides qui créent une inflammation au niveau de l’intestin et leur résorption provoque aussi une inflammation générale de la vache, se traduisant par des pattes rouges, mais également par des muqueuses rouges partout. En expliquant tout cela à l’éleveur, celui-ci répond qu’en effet le phénomène est apparu lorsqu’il est passé d’un enrubanné humide à un enrubanné plus sec. De plus, dans la stabulation, c’est la crise du logement, avec certainement de la compétition aux abreuvoirs sur le caillebotis.

7 litres d’eau par vache dans la mélangeuse

La seule solution envisageable à court terme est l’ajout d’eau dans la mélangeuse pour réhydrater les rumens, en attendant la mise à l’herbe, qui aura lieu un mois plus tard environ. Il est d’abord décidé d’apporter 10 litres d’eau par vache et par jour pour vérifier ou infirmer cette hypothèse.

Puis, pour des raisons de consistance et de conservation de la ration, l’éleveur redescend à 7 litres au bout de quelques jours. Après une semaine à ce régime, sans aucune autre modification, les pattes ne sont plus rouges.

Ce cas est loin d’être isolé. Dans les situations les plus extrêmes avec des rations très « poussées », ce phénomène peut même conduire à l’apparition de syndromes hémorragiques jéjunaux, heureusement beaucoup plus rares que les pattes rouges.

Sur le terrain, il s’avère que le maintien d’une hydratation optimale du rumen est loin d’être aussi évident qu’il n’y paraît. Bien sûr, il s’agit souvent de choses relativement simples à identifier, comme un manque d’abreuvoirs, un accès difficile avec une forte concurrence, un débit insuffisant, un défaut de propreté, un défaut de qualité de l’eau avec une odeur anormale ou encore des courants parasites dans l’abreuvoir.

Mais, même lorsque tous ces paramètres sont au vert, il est parfois difficile en ration sèche d’assurer une hydratation ruminale optimale. Dans ces cas, la mise à l’herbe va permettre de ramener de l’eau.

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